Il ne fait aucun doute que dans la constitution de la République Islamique de Mauritanie de 1991, amendée par référendum le 25 juin 2006, il ne figure point de Haut Conseil d’Etat (HCE). Cependant, dans la nuit du mercredi 15 avril au jeudi 16 avril, vous vous êtes présenté devant le Peuple mauritanien comme étant le nouveau Président du HCE, et de ce fait, chargé de la sécurité des citoyens et de l’Etat.
A ce titre, nous vous adressons cette lettre.
Le dimanche 19 avril 2009, des membres des forces de l’ordre, sous les objectifs des caméras de la presse locale et internationale, ont frappé des femmes élues, venues manifester pacifiquement devant le siège des Nations Unies à Nouakchott.
Il n’est pas nécessaire d’être un expert du droit constitutionnel pour savoir qu’il n y avait aucune raison de refuser le droit aux femmes parlementaires de manifester alors qu’elles avaient rempli toutes les formalités règlementaires, informant les autorités administratives dans les délais requis et ne perturbant pas l’ordre public. Par ailleurs il ne s’agit pas de remettre en cause le fait que l’une des missions des forces de l’ordre est le maintien de l’ordre public. Il s’agit tout simplement, pour vous, de réagir en homme, en homme musulman.
Même si il est simple d’imaginer que votre objectif était de montrer votre capacité à tenir le pays, en prétendant que ces femmes ont perturbé l’ordre public, afin de marquer votre fidélité à votre ami et prédécesseur et aussi adresser un message à l’opinion publique intérieure, il restera toujours l’image et le spectacle, offert à la communauté internationale, des forces de l’ordre de la République Islamique de Mauritanie, acharnés contre des femmes, des femmes musulmanes, et élues par le peuple Mauritanien.
Quel piètre spectacle que de voir ces êtres pour ne pas dire ces animaux, dont on se demande sous quelle religion ils ont été éduqués, se livrer à ces actes de ‘’bravoure’’ comme s’ils affrontaient les soldats israéliens dans la bande de GAZA.
Tous les hommes seront jugés au moins deux fois. Une fois dans l’Histoire, à la lumière des traces laissées, et une deuxième fois dans l’au-delà.
Si on ne devait retenir de votre Présidence éphémère que la fermeté avec laquelle vous avez fait mater une manifestation pacifique de femmes parlementaires devant le siège des Nations Unies à Nouakchott, alors je vous conseillerais de méditer la parole du Khalife Oumar qui se demandait s’il ne sera pas questionné (dans l’au-delà) à propos des animaux qui trébucheraient sur les routes pour les quelles il (Oumar) n’aurait pas pris toutes les dispositions pour les rendre les plus praticables.
Entre ces deux ambitions, et donc ces deux traces laissées pour l’Histoire, se situe votre marge de manœuvre pour les jours qui vous restent. Heureusement en Islam les derniers actes sont les plus prépondérants, et participer à une bonne œuvre équivaut en gratification à sa réalisation.
Aujourd’hui, en Mauritanie, mettre en confiance toutes les parties du spectre politique, pour susciter le consensus national, quitte à faire des concessions en étant en position de force et sur des sujets que l’on juge de son droit, nous semble bien plus intéressant que de se retrancher derrière son casque, son gilet pare balle et sa matraque pour « bastonner » des femmes élues.
Les inquiétudes et les incertitudes qui entourent la classe politique, et étouffent la population, feront, que toute lueur d’espoir d’une sortie de crise acceptable, sera saisie en plein vol.
A bon entendeur salut.
AFCD
03/05/2009
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